une femme lit un livre
Research Summary

Une stratégie utile pour réguler les émotions des enfants et des adolescents autistes

Dr Jonathan Lai | Université York
Vingt-et-un jeunes adultes autistes se sont fait proposer une stratégie d’évaluation cognitive dans le cadre d’une étude à laquelle participait aussi un groupe témoin. Les effets bénéfiques de cette approche ont été notés, et des résultats comparatifs entre les groupes ont été présentés.

Ce que vous devez savoir


La réévaluation cognitive – réfléchir différemment sur ce qui s’est produit – est une approche qui permet aux jeunes adultes autistes de bien gérer les situations difficiles émotivement.

Quel est l’objet de la recherche?


Gérer ses émotions, c’est contrôler son ressenti émotionnel pour mieux interagir avec les autres et accepter les situations nouvelles qui se présentent. Certaines approches sont inadéquates, comme l’évitement et la suppression des émotions. La réévaluation cognitive est une stratégie d’adaptation qui implique de réfléchir différemment à ce qui s’est produit afin de changer le ressenti émotionnel. Puisque les problèmes émotionnels (comme les crises ou les accès de colère) sont courants chez les enfants et les adolescents avec TSA, et puisque l’enfance et l’adolescence sont des périodes où l’on apprend à gérer les émotions, les chercheurs voulaient voir s’il était possible de leur enseigner des stratégies utiles. Dans cette étude, les chercheurs ont comparé la réponse émotionnelle de jeunes autistes à celle d’autres jeunes dans différents contextes. Ils ont observé quels types de stratégies ont été employés pour gérer ces situations, et si la réévaluation cognitive a été utilisée efficacement dans les deux groupes.

Qu’ont fait les chercheurs?


Les chercheurs ont confié à 21 enfants et adolescents avec TSA (âge moyen de 13 ans) et à 22 jeunes du groupe témoin (des jeunes sans TSA du même sexe et du même âge que l’autre groupe) une tâche servant à mesurer la régulation émotionnelle. Les participants ont reçu 16 scénarios appropriés à leur âge; par exemple : « Tu vois tes camarades de classe rassemblés et tu veux les rejoindre. Lorsque tu t’approches, tu les entends rire. »  On leur a demandé de décrire leurs premières pensées et d’évaluer leur niveau émotionnel (à quel point ils auraient ressenti un stress ou de l’inquiétude), puis d’expliquer ce qu’ils auraient fait pour se calmer. Les chercheurs leur ont enseigné comment utiliser la réévaluation cognitive – porter un regard différent sur la situation – à l’aide d’explications et d’exemples. Ensuite, les scénarios ont été présentés à nouveau, puis réévalués. Les chercheurs ont observé combien de jeunes ont eu recours à la réévaluation cognitive la seconde fois, et si cette stratégie leur a été utile.

Qu’est-ce que les chercheurs ont trouvé?

Les chercheurs ont constaté que les jeunes avec TSA réagissaient aux stimuli émotionnels autant que les jeunes du groupe témoin. À la première lecture des scénarios, les jeunes avec TSA ont moins recouru à la réévaluation cognitive que les jeunes sans TSA (17 % du temps comparativement à 37 %), et davantage recouru à la suppression expressive (6 % comparativement à 2 %) pour gérer leurs émotions.
À la deuxième lecture, après que les chercheurs aient expliqué comment appliquer la réévaluation cognitive, les jeunes avec TSA utilisaient davantage cette stratégie, mais toujours moins que les jeunes du groupe témoin. Il faut toutefois noter que lorsqu’ils avaient recours à cette stratégie, les effets bénéfiques ont été aussi importants que chez les jeunes sans TSA (d’après l’évaluation de leurs émotions).

Comment pouvez-vous utiliser cette recherche?

La réévaluation cognitive est une stratégie bénéfique pour tous. Les jeunes qui avaient de la difficulté à réguler leurs émotions au début ont pu apprendre cette stratégie et l’appliquer; il faut en tenir compte dans le cadre des interventions. D’autres recherches devront analyser les stratégies de régulation émotionnelle adoptées avec des scénarios mieux adaptés à la clientèle autiste (comprenant des images plutôt que du texte), mais aussi avec des scénarios non déclencheurs d’émotions pour vérifier si les réponses étaient directement liées à la régulation émotionnelle.

Au sujet des chercheurs

Andrea Samson (Ph. D.) est professeure adjointe consultante au département de psychiatrie et de sciences comportementales de l’Université de Stanford en Californie.
Antonio Hardan (M.D.) est professeur au département de psychiatrie et de sciences comportementales de l’Université de Stanford.
Rebecca Podell travaille au département de psychologie de l’Université de Stanford.
Jennifer Phillips (Ph. D.) est professeure agrégée clinique au département de psychiatrie et des sciences comportementales.
James Gross (Ph. D.) est professeur au département de psychologie de l’Université de Stanford.

Références

Samson AC, Hardan AY, Podell RW, Phillips JM, Gross JJ (2015) Emotion Regulation in Children and Adolescents With Autism Spectrum Disorder. Clinical Psychologist 19:39-48.
​Ce résumé de recherche a été rédigé par le Dr Jonathan Lai pour la chaire de recherche sur le traitement et les soins des troubles du spectre de l’autisme. Ce résumé de recherche et de nombreux autres se trouvent sur le site asdmentalhealth.ca/research-summaries.


Reproduit avec la permission du Dr Jonathan Weiss (Université York). Ce résumé de recherche a été élaboré grâce au financement de la chaire de recherche sur le traitement et les soins des TSA. La chaire a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada en partenariat avec Autism Speaks Canada, l’Alliance canadienne des troubles du spectre autistique, Santé Canada, le Réseau pour la santé du cerveau des enfants (anciennement NeuroDevNet) et la Fondation Sinneave Family. Cette information a été publiée à l’origine dans le blogue Autism Mental Health (santé mentale des autistes) (https://asdmentalhealth.blog.yorku.ca).

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