Il est possible que les personnes ayant un TSA et un diagnostic psychiatrique concomitant, des antécédents de blessures causées à autrui, ayant eu recours à des services thérapeutiques et dont les parents éprouvent un niveau de pression important en tant que proches-aidants aient un risque accru de polypharmacie psychotrope. Il est important de soutenir les familles d’enfants ayant un TSA à qui plusieurs médicaments psychiatriques ont été prescrits.
Quel est l’objet de cette recherche?
Les médicaments psychotropes sont souvent utilisés pour traiter les problèmes de santé mentale et de comportement chez les adolescents et les adultes ayant des troubles du spectre de l’autisme (TSA). Dans certaines circonstances, les médicaments psychotropes peuvent être nécessaires; cependant, leur utilisation peut être associée à un certain nombre d’effets secondaires problématiques, tels que la prise de poids, la sédation et l’irritabilité. Les personnes qui prennent deux médicaments ou plus en même temps (ce qu’on appelle la polypharmacie) ont un risque accru de développer des effets secondaires problématiques. Cette étude examine les facteurs qui contribuent à la polypharmacie psychotrope chez les adolescents et chez les adultes ayant un TSA.
Quel a été le travail de l’équipe de recherche?
Les chercheurs ont sondé 363 parents d’adolescents et d’adultes ayant un TSA, situés partout en Ontario. Les participant(e)s ont été recrutés auprès d’organismes de soutien et de groupes de défense des droits des personnes ayant un TSA, et à l’aide des listes de diffusion associées à ces organisations. Les personnes ayant un TSA étaient âgées de 12 à 30 ans (l’âge moyen était de 17 ans). Les parents ont rempli un questionnaire sur leurs données démographiques, la santé de leur enfant et sa consommation de médicaments, le recours aux services et le niveau de charge et de détresse familiale des proches-aidants. Toutes les personnes ayant participé avaient la possibilité de remplir le sondage en ligne, par entretien téléphonique ou sur papier; la plupart ayant opté pour le sondage en ligne.
Quelles ont été les conclusions de l’équipe de recherche?
L’équipe de recherche a constaté qu’environ un quart de l’échantillon de population prenait au moins deux médicaments psychotropes en même temps. Les personnes qui suivaient une polypharmacie psychotrope étaient 2,4 fois plus susceptibles d’avoir un diagnostic psychiatrique en plus du TSA et 2,7 fois plus susceptibles d’avoir des antécédents de blessures causées à autrui. Pour les variables concernant les parents et le système de santé, les personnes exposées à une polypharmacie psychotrope étaient 2,8 fois plus susceptibles d’avoir recouru à des services thérapeutiques et 2,5 fois plus susceptibles d’avoir des parents dont le niveau de pression en tant que proches-aidants était élevé. Cependant, l’équipe de recherche note que seules des données rapportées par les parents ont été utilisées, et qu’elle ne disposait pas d’informations complémentaires sur les diagnostics et la consommation de médicaments.
Comment cette recherche peut-elle vous être utile?
Il est possible que la polypharmacie psychotrope chez les personnes ayant un TSA ne soit pas simplement liée à des variables cliniques, mais plutôt à une interaction entre des facteurs liés à la fois à l’enfant, aux parents et aux services de santé. L’identification de ces facteurs de risque pourrait être utile afin de mettre au point d’autres types d’intervention pour compléter ou remplacer les options de traitement pharmacologique.
À propos de l’équipe de recherche
Johanna Lake, Ph. D., est chercheuse postdoctorale au Service axé sur les troubles de développement du cerveau pour adultes du Centre de toxicomanie et de santé mentale et au Département de psychologie de l’Université York à Toronto, en Ontario.
Julie Dergal, Ph. D., est chercheuse postdoctorale au service axé sur les troubles de développement du cerveau pour adultes du Centre de toxicomanie et de santé mentale à Toronto, en Ontario.
Yona Lunsky, Ph. D., C. Psych., est chercheuse clinicienne au service axé sur les troubles de développement du cerveau pour adultes au Centre de toxicomanie et de santé mentale et à l’Université de Toronto à Toronto, en Ontario
Jonathan Weiss, Ph. D., C. Psych., est professeur agrégé au Département de psychologie de l’Université York à Toronto, en Ontario.
Référence bibliographique
Lake, J. K., Weiss, J. A., Dergal, J., & Lunsky, Y. (2014). Child, parent, and service predictors of psychotropic polypharmacy among adolescents and young adults with an autism spectrum disorder. Journal of child and adolescent psychopharmacology, 24(9), 486-493.
Ce résumé de recherche a été rédigé par Ami Tint. Cette recherche a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (MOP a102677). Le Dr Weiss est soutenu par la Chaire de recherche sur le traitement et les soins pour les TSA (Instituts de recherche en santé du Canada RN162466-284208 en partenariat avec Autism Speaks Canada, l’Alliance canadienne des troubles du spectre de l’autisme, Santé Canada, Kids Brain Health Network (anciennement NeuroDevNet) et le Fondation de la famille Sinneave. Le présent résumé de recherche, ainsi que d’autres résumés, peuvent être consultés sur notre blogue et à l’adresse asdmentalhealth.ca/research-summaries.
Reproduit avec la permission du Dr Jonathan Weiss (Université York). Ce résumé de recherche a été rédigé grâce au financement de la Chaire de recherche sur le traitement et les soins pour les troubles du spectre de l’autisme. Cette chaire a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada en partenariat avec Autism Speaks Canada, l’Alliance canadienne des troubles du spectre de l’autisme, Santé Canada, Kids Brain Health Network (anciennement NeuroDevNet) et la Fondation de la famille Sinneave. Cette information est apparue à l’origine sur le blogue Autism Mental Health (https://asdmentalhealth.blog.yorku.ca).
