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Régulation des émotions chez les enfants autistes

Dr. Jonathan Lai
Des enfants autistes (âge moyen : 5,7 ans) et leurs proches-aidants ont participé à cette étude qui a recueilli des informations à deux moments (à 10 mois d’intervalle). L’équipe de recherche a examiné des éléments tels que la capacité de régulation émotionnelle, le fonctionnement comportemental et les compétences sociales, linguistiques et académiques de l’enfant.

Ce qui compte pour vous

Les faibles capacités de régulation émotionnelle sont un facteur prédictif de difficultés sociales et comportementales à venir; par conséquent, si ce domaine était ciblé à une étape plus précoce du développement, cela pourrait avoir un effet bénéfique sur d’autres domaines de fonctionnement plus tard dans la vie.

 

Quel est l’objet de cette recherche?

La régulation des émotions constitue une difficulté pour les enfants autistes. La capacité d’un enfant à utiliser des stratégies mentales, physiques et comportementales pour prendre conscience de ses propres sentiments et expressions et les adapter est essentielle pour évoluer au sein de l’environnement social et adopter un comportement axé sur un objectif. Les accès de colère, l’agressivité, la surexcitation ou la frustration sont des signes précoces possibles de dysrégulation émotionnelle; plus tard dans la vie, ils peuvent conduire à d’autres symptômes d’intériorisation et d’extériorisation, tels que le repli sur soi ou l’agression. Dans cette étude, l’équipe de recherche a voulu savoir si la régulation émotionnelle changeait avec le temps chez les jeunes enfants autistes, et si les scores de régulation émotionnelle pouvaient permettre de prédire des changements dans leur fonctionnement social et comportemental aux étapes ultérieures de leur vie.

 

Quel a été le travail de l’équipe de recherche?

Les chercheurs ont recruté 108 enfants autistes et leurs proches-aidants par le biais d’organismes communautaires, d’écoles et d’événements spécialisés autour de l’autisme. Les participant(e)s (âge moyen : 5,7, QI moyen : 90,3, intervalle de 43 à 123) ont été évalués deux fois, à une année scolaire (soit dix mois) d’intervalle. L’équipe de recherche a mesuré la capacité de régulation émotionnelle, le fonctionnement comportemental et les compétences sociales, linguistiques et académiques de l’enfant. Le niveau de sévérité de l’autisme a également été mesuré.

 

Quelles ont été les conclusions de l’équipe de recherche?

L’équipe de recherche a constaté que la capacité de régulation émotionnelle ne changeait pas avec le temps. La régulation émotionnelle n’était pas liée aux compétences cognitives et langagières, mais elle variait en fonction du niveau de sévérité de l’autisme, des compétences sociales et du fonctionnement comportemental. Les compétences sociales et le fonctionnement comportemental ne changeaient pas beaucoup au fil du temps; cependant, le fait d’avoir des capacités plus développées pour nommer et exprimer des émotions appropriées dans des contextes sociaux constituait un facteur prédictif pour l’acquisition de meilleures compétences sociales et moins de comportements d’externalisation dix mois plus tard. En outre, l’incapacité à maintenir une humeur constante (changements d’humeur soudains, surexcitation, etc.) était prédictive de problèmes de comportement plus intériorisés 10 mois plus tard.

 

Comment cette recherche peut-elle vous être utile?

La régulation émotionnelle pourrait constituer une cible d’intervention à une étape plus précoce et engendrer des retombées positives dans d’autres domaines. Étant donné que les capacités de régulation émotionnelle sont stables dans les premières années d’école en l’absence de toute intervention ciblée, des efforts ciblés dans ce domaine sont nécessaires afin d’y apporter des changements. De plus, les scores de QI ne protègent pas contre les difficultés de régulation émotionnelle, ce qui signifie que des enfants de tous les niveaux de capacité cognitive pourraient tirer parti d’une aide de ce type.

 

À propos de l’équipe de recherche

Berkovits (Ph. D.) est chercheuse postdoctorale au Département de psychologie de l’Université de Californie à Los Angeles (États-Unis).

Eisenhower (Ph. D.) est professeure agrégée de psychologie à l’Université du Massachusetts à Boston (États-Unis).

Blacher (Ph. D.) est professeure et présidente de la Graduate School of Education de l’Université de Californie à Riverside (États-Unis).

 

Référence bibliographique

Berkovits, L., Eisenhower, A., Blacher, J. (2017) Emotion Regulation in Young Children with Autism Spectrum Disorders. Journal of Autism and Developmental Disorders, 47:68-79.

 

Ce résumé de recherche a été rédigé par le Dr Jonathan Lai pour la Chaire de recherche sur le traitement et les soins pour les troubles du spectre de l’autisme. Ce résumé de recherche, ainsi que d’autres résumés, sont accessibles sur notre blogue et à l’adresse asdmentalhealth.ca/research-summaries.

 

Reproduit avec la permission du Dr Jonathan Weiss (Université York). Ce résumé de recherche a été élaboré grâce au financement de la Chaire de recherche sur le traitement et les soins pour les TSA. Cette chaire a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada en partenariat avec Autism Speaks Canada, l’Alliance canadienne des troubles du spectre de l’autisme, Santé Canada, Kids Brain Health Network (anciennement NeuroDevNet) et la Fondation de la famille Sinneave. Cette information a été publiée à l’origine sur le blogue Autism Mental Health (https://asdmentalhealth.blog.yorku.ca).

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