Ce que vous devez savoir :

Les frères et sœurs d’enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), particulièrement les frères aînés, présentent plus de difficultés affectives et comportementales que les frères et sœurs d’enfants neurotypiques. Avec un bon encadrement parental, les enfants neurotypiques peuvent apprendre à communiquer avec leur frère ou sœur autiste afin de favoriser des relations fraternelles plus harmonieuses.

Quel est l’objet de la recherche?

Les enfants jouent un rôle déterminant dans le développement affectif et comportemental de leurs frères et sœurs, particulièrement à l’égard de l’adaptation psychosociale d’un enfant (sa capacité à gérer sa frustration et d’autres émotions négatives). Les caractéristiques de phénotype élargi (PE) d’autisme chez les frères et sœurs d’enfants ayant un TSA sont reconnues comme des traits autistiques légers (l’évitement de contacts visuels, par exemple). Cette étude analyse les différences entre la capacité d’adaptation psychosociale, la qualité des relations ainsi que les caractéristiques de PE entre les frères et sœurs d’enfants ayant un TSA et les frères et sœurs d’enfants neurotypiques.

Qu’ont fait les chercheurs?

Les chercheurs ont interrogé 90 mères ayant au moins un enfant neurotypique et un enfant autiste, ainsi que 144 mères dont les enfants n’ont pas reçu de diagnostic d’autisme.  Les mères ont répondu au questionnaire sur l’adaptation psychosociale de ces frères et sœurs, les caractéristiques de PE chez ces frères et sœurs, la qualité des relations fraternelles (comme la proximité, la force du lien affectif, les interactions prosociales et conflictuelles), les symptômes dépressifs chez la mère et les répercussions de la présence d’un enfant autiste dans la dynamique familiale. Les chercheurs ont ensuite analysé le lien entre ces facteurs dans les deux types de familles. 

Qu’est-ce que les chercheurs ont trouvé?

Les chercheurs ont constaté que les sous-groupes de frères et sœurs d’enfants ayant un TSA, particulièrement les frères aînés, présentaient plus de difficultés affectives et comportementales que les frères et sœurs d’enfants neurotypiques. Ces observations indiquent que les frères et sœurs d’enfants ayant un TSA ont tendance à moins démontrer leur affection à l’égard de leur frère ou sœur, et à adopter plus de comportements d’évitement, ce qui peut nuire à toute tentative de communication ou de jeu. 
En revanche, certains enfants sortent grandis de cette situation, se montrant plus altruistes et moins agressifs envers leur frère ou leur sœur. Ces observations laissent croire que les frères ou sœurs neurotypiques d’enfants ayant un TSA font preuve d’une plus grande sensibilité et s’adaptent mieux aux besoins particuliers de leur frère ou sœur. Enfin, en l’absence de facteurs de stress familiaux (comme la dépression d’un parent), les frères et sœurs d’enfants ayant un TSA faisaient état d’un meilleur fonctionnement psychosocial et étaient moins perturbés par les difficultés psychologiques et sociales associées aux traits autistiques élargis. Au contraire, des conditions stressantes nuisaient à leur fonctionnement affectif.

Comment pouvez-vous utiliser cette recherche?

Il faudrait détecter chez les frères et sœurs d’enfants ayant un TSA, particulièrement chez les frères aînés, tout signe de difficultés comportementales, et les encourager à recourir à des services de soutien, le cas échéant. Avec un bon encadrement parental (et le recours à des ressources éducatives, au besoin), les enfants neurotypiques peuvent apprendre à interagir avec leur frère ou sœur autiste afin de vivre de meilleures relations fraternelles. Les prochaines études pourraient examiner comment aider les parents à favoriser des relations harmonieuses entre leurs enfants, comment encadrer les frères et sœurs d’enfants ayant un TSA lorsqu’ils éprouvent des difficultés affectives et comportementales, et comment outiller les familles concernées avec un plus vaste éventail de ressources éducatives. 

Au sujet des chercheurs :

Katherine M. Walton (Ph. D.) est professeure adjointe de psychologie à l’Université de l’État d’Ohio.
Brooke R. Ingersoll (Ph. D.) est professeure adjointe de psychologie à l’Université de l’État du Michigan.

Références :

Walton, K. et Ingersoll, B. (2015). Psychosocial Adjustment and Sibling Relationships in Siblings of Children with Autism Spectrum Disorder: Risk and Protective Factors. Journal of Autism and Developmental Disorders,45, 2764-2778.
​​Ce résumé de recherche a été rédigé par Jordyn Posluns et le Dr Jonathan Lai pour la chaire de recherche sur le traitement et les soins des troubles du spectre de l’autisme.  Ce résumé de recherche de nombreux autres se trouvent sur le site http://asdmentalhealth.ca/research-summaries/.

Reproduit avec la permission du Dr Jonathan Weiss (Université York). Ce résumé de recherche a été élaboré grâce au financement de la chaire de recherche sur le traitement et les soins des TSA. La chaire a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada en partenariat avec Autism Speaks Canada, l’Alliance canadienne des troubles du spectre autistique, Santé Canada, le Réseau pour la santé du cerveau des enfants (anciennement NeuroDevNet) et la Fondation Sinneave Family. Cette information a été publiée à l’origine dans le blogue Autism Mental Health (santé mentale des autistes) (https://asdmentalhealth.blog.yorku.ca).